SuperPile!

Site : Bord à canal/ quai de Cherbourg, Roubaix (59)

Date : décembre 2017-juillet 2018

Commanditaire : La Condition Publique EPCC

Partenaires financiers : la DRAC, la ville de Roubaix

Partenaires concepteurs-constructeurs : le réseau Superville et plus particulièrement les collectif ZERM, SAGA, SAFI, Wes We Camp, BIAPI, ONG Seed, KaraKol, Interphaz, Collectif Youki, Collectif Dallas, Formes Vives, Capt’ain Ludd, la CAPE, et tous les bénévoles, volontaires, qui sont venus aider sur le chantier!

Action :  préfiguration, conception générale, coordination générale et scénographie pour le festival Pile au Rendez-vous

Dans le cadre de l’exposition Habitarium proposé par la Condition Publique au premier semestre 2018, et dans l’optique du très implanté festival Pile au Rendez-vous, les Saprophytes sont invités à imaginer une scénographie participative, pour accueillir ce festival, et proposer une forme originale de mobilisation en amont. Les aménagements du festival ambitionne préfigurer un avenir pour ce site aujourd’hui en friche et désaffecté.

Nous avons proposé dans ce cadre de mobiliser le réseau Superville, réseau informel des collectifs professionnels d’architectes et de paysagistes, permettant une main d’oeuvre créative et innovante. Ce fut aussi l’occasion de proposer un week-end de “rencontres”, rendez-vous que le réseau Superville essaye d’avoir une fois tous les 2 ans.
Ces rencontres seront le point de départ d’un grand chantier participatif préparatif du week end Pile Rendez-vous. Une effervescence qui donnera le ton du festival, souhaitant être ancré et préfiguratif des aménagements urbains.
En amont, et au fil de l’exposition Habitarium, nous proposons d’amorcer un processus participatif.
Immersion, mobilisation, groupe de travail, écriture d’un cahier des charges et fabrique de matériaux permettront de garantir un aménagement posant les bases d’une réflexion durable sur l’aménagement des quais de la Maison éclusière, tout en invitant à une dynamique artistique et culturelle dans la fabrication de la ville.

Faire d’un rendez-vous festif, d’un évènement culturel de quartier, un déclencheur d’un aménagement innovant et durable.

    LE SITE

    Le site de SuperPile se trouve à la rencontre des quartiers Nord et Est, au droit du Canal de Roubaix.

    La ville tourne le dos à cette partie du canal, qui est nié, et souffre d’une mauvaise réputation. à cette endroit, une écluse, offrant un rapport à l’eau particulier, et ayant laissé comme héritage une maison éclusière, aujourd’hui désaffectée. Plus loin, un site de pêche. Des péniches passent, peu de vélos, peu de promeneurs, pas d’aménagement. Pourquoi pas repenser ses bords à canaux, qui peuvent devenir un véritable atout pour les quartiers?

    Le festival Pile au Rendez-Vous // co-construction de la démarche
    Créé en 2008 du désir de tisser des liens forts entre les habitants d’un territoire et une manufacture culturelle, le festival Pile au Rendez-Vous souhaite mobiliser chaque année un maximum d’énergies en associant voisins, amis, écoles et associations à sa programmation.
    Ce festival se veut participatif, dans le but de valoriser les initiatives de quartier et les acteurs du quartier, de participer à la transformation de l’espace urbain en lien avec le projet de rénovation urbaine, d’expérimenter des actions pouvant être pérennisées.
    Pour les 10 ans de Pile au Rendez-Vous, la volonté est de marquer le coup, que la démarche soit plus que jamais participative et que les installations créées pour l’événement restent quelques années, qu’elles servent à expérimenter d’autres espaces du quartier, ici la limite avec les quartiers Nord de Roubaix, le site du canl, faisant aussi echo au projet de réhabilitation de la maison éclusière.

    La maison éclusière

    La maison éclusière est au coeur d’une réflexion menée par l’agence suédoise Snohetta, dans le cadre de l’action des Nouveaux Commanditaires de la Fondation de France.
    Cette action initiée par la Fondation de France permet à des citoyens confrontés à des enjeux de société ou de développement d’un territoire d’associer des artistes contemporains à leurs préoccupations par le biais d’une commande.
    Son originalité repose sur une conjoncture nouvelle entre trois acteurs privilégiés : l’artiste, le citoyen commanditaire, le médiateur culturel, agréé par la Fondation de France, accompagnés de partenaires publics et privés réunis autour du projet.

    Le projet Superpile, et l’envie de délocaliser le festival Pile au RDV de la Condition Publique sur le site de l’écluse, quai de Cherbourg, participe à cette dynamique. Nous voyons le festival comme une opportunité de tester des aménagements sur le bord à canal, d’amorcer une réflexion avec les structures locales, expérimenter des usages, préfigurer un nouvel espace public.

    ATELIERS PARTICIPATIFS : QUEL AVENIR POUR CE SITE?

    Nous avons proposé d’animer une série d’ateliers autour du projet. Nous avons rencontré des écoles et les centre sociaux des quartiers concernés. Une permanence tout public, dans la Condition Publique, autour de la fabrication d’une maquette du site, a été proposée.

    Les ateliers avaient l’ambition de :

    • analyser les ressources à notre disposition
    • récolter les rêves et les envies sur ce site
    • comprendre les contraintes urbaines, et humaines, pour en faire des opportunités de projet
    • Imaginer un processus de projet, penser le projet dans le temps
    • Organiser le temps fort, des groupes de travail pour y arriver.
    • mobiliser toujours plus de monde autour de la démarche
    • Penser les modes de gestions adéquates, et savoir se faire entourer des partenaires techniques compétents.

    PROGRAMMATION : APPEL À MANIFESTATION D’INTÉRÊT

    Les ateliers, les rencontres avec les acteurs concernés et nos recherches sur le site nous ont permis d’élaborer un cahier des charges des aménagements à prévoir lors du chantier collectif, qui a pris la forme d’un “Appel à Manifestation d’Intérêt”.

    Ce cahier définit les usages avant tout, ce qu’on attend des espaces en terme d’accueil, d’occupation, et de pérennité ou non sur le site.
    Ce cahier des charges définit donc “le programme” des installations, mais aussi parle de méthode de mise en oeuvre, et de matériaux. La dimension “chantier ouvert” est importante, et mise en avant à travers ce processus d’appel à manifestation d’intérêt.

    Ce cahier des charges a été transmis en amont aux différents collectifs, entre autre du réseau Superville, qui souhaiteraient prendre part au chantier. Il s’agit d’une invitation à se positionner sur l’un des chantiers, pour participer à cette dynamique collective, accompagner des structures locales à matérialiser leurs stands, expérimenter une occupation temporaire et festive, participer à cette transformation radicale de ce site, tout ça en 5 jours!

    FABRIQUE DE MATÉRIAUX

    Une fabrique de matériaux partagée comme processus de mobilisation
    Dans le cadre de l’exposition Habitarium et de l’atelier de FAB, nous avons proposé une fabrique de matériaux locaux et issus du recyclage (granito, terrazo, briques recyclées) les mercredis du mois de juin. Les productions ont servis au chantier Superpile. Ces carreaux, tuiles ou briques  ont été produits comme une performance artistique et participative, pendant l’exposition, dans la Halle C de la Condition publique, en partenariat avec Faubourg 132 et l’atelier ZERM.

    LES RENCONTRES SUPERVILLE

    Nous avons profité de l’événement Pile au rdv, cumulé avec la fin de l’exposition Habitarium, pour accueillir la 3eme édition des rencontres Superville. Lors d’un week end (30 juin- 1er juillet), formule déjà approuvée lors des 2 premières éditions. Nous avons invité les différents collectifs d’architectes, paysagistes, urbanistes, sociologues, plasticiens, regroupés aujourd’hui sous la forme informelle d’un collectif nommé SUPERVILLE.
    Nous nous regroupons autour de préoccupations communes sur la fabrique de la ville, formant une communauté de pensées, et cherchant chacun à notre manière à repenser notre métier, la construction de l’espace public et de la ville, partageant des valeurs d’inclusion, d’humanisme, de coopération, et du faire au sein de la société.
    2 éditions ont déjà eu lieu. La première en 2013, au Bessat, sous l’impulsion du collectif ETC, après leur « détour de France », et la seconde en 2016, proposée par l’association Bellastock.
    Ces 2 éditions ont chacune d’elles regroupé plus de 100 personnes, issues de dizaines de collectifs différents, venant de toute la France, pour échanger, débattre, partager des questionnements, lors de 2 journées d’immersion.
    La première a été restitué dans un article écrit par la revue Strabic et a été restitué sur place, à chaud, par Laurent Petit de l’ANPU.
    La deuxième initiée par Bellastock, lors de leur festival en 2016 et a été restitué à chaud, sous la forme d’un fanzine édité à la fin des rencontres.
    A l’issue de la rencontre de 2016, un groupe restreint, le COPIL se réunit de temps en temps, pour réfléchir à la suite de ce réseau, et poser les bases d’un fonctionnement collectif, horizontal, permettant de mettre nos pratiques, nos questionnements, nos modes d’action en commun, pour se nourrir mutuellement.

    Ces pratiques ont tendance à se démocratiser, à se décloisonner, il est fondamentale de revendiquer cette manière de faire, des spécificités, des valeurs pour ne pas lisser, mais bien valoriser et défendre haut et fort une diversité, et une
    expertise complexe. C’est ce que le réseau souhaite promouvoir, autour d’une association spécifique en cours de création.

    LE GRAND CHANTIER COLLECTIF!

    Le grand chantier collectif s’est déroulé du 2 au 6 juillet, 5 jours.
    Nous avons en amont anticipé différents groupes de travail, sur les différents éléments du programme du festival. Au total, 8 équipes, encadrés par un
    collectif d’architectes et accompagné par un ou des associations locales, prenant part au festival.
    Au total, chaque jour, nous avons compté entre 60 et 70 personnes sur le chantier, oeuvrant pour mettre en place la scénographie et les installations nécessaires au déroulement du festival. Des installations jouant aussi le rôle de préfigurer des potentiels aménagements pour les bords à canaux.

    Une base de chantier a été mis en place à la Condition Publique, où les matériaux de récupération ont été mis à disposition, avec l’outillothèque. Sur place, du bois d’ossature était également disponible.
    Les repas du midi et du soir ont été prévus participant à créer une atmosphère conviviale, collective, favorisant l’échange et la rencontre.

    Les constructeurs venus de loin ont pu profiter du camping installé par Yes We Camp sur le toit de la Condition Publique, à l’occasion de l’exposition Habitarium. Nous avons fait vécu avec ce chantier une expérience collective riche, rythmé par des journées intenses de travail et des temps informels riches en partage.

    La terrasse de la Guinguette : le collectif Dallas, venu de belgique

    Les kiosques : le collectif Biapi (Bordeaux), accompagné de l’association Menegua (Lille)

    Le village des saveurs : les collectif Yes We Camp et Safi (Marseille) et Capt’ain Ludd (St Etienne)

    Super-table : Zerm et Parkour 59 (Roubaix)

    Super-sieste : Le collectif Karakol et Interphaz (Lille)

    Les tours du Pile : Le collectif Saga (Nantes)

    Sous le pont : Le collectif Yuki (Lille)

    La signalétique du festival :  Formes Vives (Brest)

    LE FESTIVAL PILE AU RENDEZ-VOUS

    Lors des 2 jours du festival, les installations ont accueillis nombreuses structures, associations et acteurs du quartier pour faire vivre ce bord du canal. Ces jours de festivité ont favorisé à créer de l’attractivité à ce site. Certaines installations sont restées quelque temps après le festival, d’autres ont été déménagées dans des jardins collectifs de Roubaix.

    Finalement, les questions de responsabilité, de gestion, qui n’ont été assumé par aucun acteur, ont eu raison des installations. L’ensemble des aménagements à été démonté, et le bois a été redistribué et utilisé pour d’autres projets. Mais restent dans la mémoire collective le potentiel attractif et ludique du site, et la capacité à un groupe organisé et prêt à mettre la main à la pâte à transformer en 5 jours un site dit “à l’abandon”…